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Page:Verne - Le Beau Danube Jaune.djvu/36

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embarcations de la douane surveillaient le Danube, n’épargnant pas les visites aux bateaux qui descendaient son cours. En ce qui concerne les rives, entre les villes et les villages situés au long du fleuve, c’étaient les escouades de police qui y multipliaient jour et nuit leurs rondes.

Mais, enfin, ces moyens n’avaient point abouti, peut-être par manque d’unité de direction entre des agents de nationalités diverses, et c’est à cet état de choses, que la Commission entendait remédier.

Le président ouvrit donc la discussion sur le choix d’un chef auquel elle délèguerait ses pouvoirs et qui aurait autorité sur tout le personnel fourni par les États riverains du Danube.

La discussion ne laissa pas d’être longue. Autriche, Hongrie, Bulgarie, Wurtemberg et autres mettaient en avant leurs préférés, appartenant aux polices de leur pays. Chacun les défendait avec une inlassable ardeur. Jamais on eût cru que l’Europe Centrale eût compté un tel stock de policiers d’une telle valeur. Il se produisait là, en somme, ce qui s’était produit pour l’élection du président, où, de guerre lasse, d’ailleurs, la Commission avait fini par nommer le représentant du moins important des États.

Cette fois, il y eut lieu de procéder autrement, et si le président Roth avait été élu à mains levées, il fut nécessaire de recourir au bulletin de vote pour la nomination du chef de police.

Au total, les candidats qui semblaient avoir le plus de chances étaient ceux de la Hongrie, de la Bavière et de Moldavie, trois policiers dont, en plusieurs circonstances, on avait pu apprécier le mérite, mérite très sensiblement égal, en somme. Aussi, après discussion, les noms des autres candidats écartés, la Commission décida-t-elle de soumettre ces trois agents au scrutin secret. Il suffirait que dès le premier tour la majorité relative fût obtenue, soit cinq voix sur neuf, personne n’ayant le droit de s’abstenir.

Sur l’invitation du président, chacun écrivit sur un bulletin le nom de son candidat, et ces bulletins furent déposés dans un chapeau. En vérité, à cette époque de votes incessants, ne peut-on se demander si le chapeau n’est pas plutôt destiné à servir d’urne électorale qu’à servir de couvre-chef ?…

« Tout le monde a voté ?… » demanda le président.

Oui, et les neufs bulletins furent extraits du chapeau.

Le président procéda alors au dépouillement dont les chiffres étaient inscrits sur le procès-verbal de séance par le secrétaire Choczim.

Sept voix se réunirent sur un nom de nationalité hongroise.

Ce fut celui de Karl Dragoch, chef de la police à Pest, et sur lequel, après discussion, l’accord s’était fait en grande majorité.

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