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SAN-FERNANDO.

rabal comprit que rien ne pourrait l’arrêter. Il irait « jusqu’au bout », ainsi qu’il venait de le dire.

Le sergent Martial, désespéré, s’en alla avec Jean, qui vint passer le reste du jour sur la Gallinetta.

Lorsque Jacques Helloch fut seul avec M. Mirabal, celui-ci ne put que lui confirmer à quels dangers de toutes sortes allait s’exposer le fils du colonel de Kermor, n’ayant que ce vieux soldat pour guide.

« Si vous avez quelque influence sur lui, monsieur Helloch, ajouta-t-il, détournez-le de ce projet, qui repose sur tant d’incertitude… Empêchez-le de partir…

— Rien ne l’en détournera, monsieur Mirabal, affirma Jacques Helloch. Je le connais… rien ! »

Jacques Helloch retourna à bord de la Moriche, plus soucieux que jamais, et ne répondit même plus aux quelques paroles de son compagnon.

Assis à l’arrière de la pirogue, Jacques Helloch regardait Valdez et deux de ses hommes qui s’occupaient de préparer la Gallinetta pour un long voyage. Il convenait de la décharger entièrement afin de visiter ses fonds et procéder à un complet radoub, nécessité par les fatigues du dernier parcours et l’échouage sur la grève de San-Fernando.

Jacques Helloch observait aussi Jean, qui surveillait ce travail. Peut-être le jeune garçon s’attendait-il à ce que Jacques Helloch lui adressât la parole… voulût lui faire des observations sur la témérité de ses projets… essayât de l’en détourner…

Celui-ci restait muet, immobile. Plongé dans ses réflexions, il semblait obsédé d’une idée fixe… une de ces idées qui s’incrustent dans le cerveau… qui le dévorent…

Le soir arriva.

Vers huit heures, Jean se disposa à regagner l’auberge pour prendre quelque repos.

« Bonsoir… monsieur Helloch… dit-il.