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DEUX MOIS À LA MISSION.

ques Helloch était rempli, et il demeurait pensif… En effet, quels nouveaux devoirs allait lui créer cette situation nouvelle ?…

Il va sans dire que la jeune fille revêtit dès ce jour-là les vêtements de son sexe, — vêtements soigneusement renfermés dans une valise placée sous le rouf de la Gallinetta.

Et Germain Paterne de déclarer à son ami :

« Charmante en garçon… charmante en fille !… Il est vrai… je n’y entends rien !… »

Le lendemain, après avoir pris congé de Parchal et de Valdez, lesquels préféraient demeurer à la garde des pirogues, le Père Esperante, ses hôtes et les Guaharibos quittèrent le campement du pic Maunoir. Avec les chevaux et les charrettes, le cheminement s’effectuerait sans fatigues à travers les forêts et la savane.

On ne crut pas devoir se diriger par la route antérieurement suivie vers les sources de l’Orénoque. Le plus court était de longer la rive droite du rio, ainsi que l’avait fait Jacques Helloch sous la conduite du jeune Indien. Et la marche fut si rapide que, dès midi, on avait atteint le gué de Frascaès.

Aucune trace des Quivas, dispersés maintenant, n’avait été retrouvée, et ils n’étaient plus à craindre.

Là, il y eut une courte halte, et, le mouvement de la charrette n’ayant point trop fatigué le sergent Martial, on se remit en marche vers Santa-Juana.

La distance entre le gué et la bourgade put être franchie en quelques heures, et, dans l’après-midi, la Mission était atteinte.

À l’accueil dont le Père Esperante fut l’objet, Jacques Helloch et ses compagnons comprirent combien il était aimé de ses fidèles Indiens.

Deux chambres furent réservées dans le presbytère à Jeanne de Kermor et au sergent Martial, deux autres à Jacques Helloch et à Germain Paterne dans une case voisine, dont le frère Angelos leur fit les honneurs.

Le lendemain, la cloche de l’église appela toute la bourgade à une