Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/103

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Les cris, c’étaient ceux d’une colonie simienne, un charivarique accord de babouins à poil grisâtre, de colobes encamaillés, de grenuches à fourrure noire, de chimpanzés, de mandrilles, de gorilles, les plus vigoureux et les plus redoutables singes de la faune africaine. Jusqu’alors, ces quadrumanes, bien qu’ils fussent en bandes, ne s’étaient livrés à aucune manifestation hostile contre Khamis et ses compagnons, les premiers hommes, sans doute, qu’ils apercevaient au fond de cette forêt de l’Afrique centrale. Il y avait lieu de croire, en effet, que jamais êtres humains ne s’étaient aventurés sous ces massifs. De là, chez la gent simienne, plus de curiosité que de colère. En d’autres parties du Congo et du Cameroun, il n’en eût pas été de même. Depuis longtemps, l’homme y a fait son apparition. Les chasseurs d’ivoire, auxquels des centaines de bandits, indigènes ou non, prêtent leur concours, n’en sont plus à étonner des singes, depuis longtemps témoins des ravages que ces aventuriers exercent, et qui coûtent tant de vies humaines.

Après une première halte au milieu de la journée, une seconde fut faite à six heures du soir. Le cheminement avait présenté parfois de réelles difficultés en présence d’inextricables réseaux de lianes. Les couper ou les rompre exigeait un pénible travail. Toutefois,