Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

couraient et gambadaient dans les profondeurs de la forêt. Jamais Khamis et ses compagnons n’en avaient tant vu, ni de si turbulents, ni de si contorsionnistes. Aussi que de cris, que de sauts, que de culbutes, et quelle série de grimaces un photographe aurait pu saisir avec son objectif !

« Après tout, ajouta Max Huber, rien que de très naturel !… Est-ce que nous ne sommes pas au centre de l’Afrique !… Or, entre les indigènes et les quadrumanes congolais, — en exceptant Khamis, bien entendu, — j’estime que la différence est mince…

— Elle est tout juste, répliqua John Cort, de ce qui distingue l’homme de l’animal, l’être pourvu d’intelligence de l’être qui n’est soumis qu’aux impersonnalités de l’instinct…

— Celui-ci infiniment plus sûr que celle-là, mon cher John !

— Je n’y contredis pas, Max. Mais ces deux facteurs de la vie sont séparés par un abîme et, tant qu’on ne l’aura pas comblé, l’école transformiste ne sera pas fondée à prétendre que l’homme descend du singe…

— Juste, répondit Max Huber, et il manque toujours un échelon à l’échelle, un type entre l’anthropoïde et l’homme, avec un peu moins d’instinct et un peu plus d’intelligence… Et si ce type fait défaut, c’est sans doute parce qu’il n’a jamais existé… D’ailleurs, lors même