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Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/185

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qu’il existerait, la question soulevée par la doctrine darwinienne ne serait pas encore résolue, à mon avis du moins… »

En ce moment, il y avait mieux à faire qu’à essayer de résoudre, en vertu de cet axiome que la nature ne procède pas par sauts, la question de savoir si tous les êtres vivants se raccordent entre eux. Ce qui convenait, c’était de prendre des précautions ou des mesures contre les manifestations hostiles d’une engeance redoutable par sa supériorité numérique. Il eût été d’une rare imprudence de la traiter en quantité négligeable. Ces quadrumanes formaient une armée recrutée dans toute la population simienne de l’Oubanghi. À leurs démonstrations, on ne pouvait se tromper, et il faudrait bientôt se défendre à outrance.

Le foreloper observait cette bruyante agitation non sans sérieuse inquiétude. Cela se voyait à son rude visage auquel le sang affluait, ses épais sourcils abaissés, son regard d’une vivacité pénétrante, son front où se creusaient de larges plis.

« Tenons-nous prêts, dit-il, la carabine chargée, les cartouches à portée de la main, car je ne sais trop comment les choses vont tourner…

— Bah ! un coup de fusil aura bientôt fait de disperser ces bandes… », repartit Max Huber.