L’instant d’après, un gros tas s’élevait au pied des bananiers. Le feu fut ravivé avec du bois mort. Le foreloper y jeta plusieurs bouses. Un nuage de fumée se dégagea et l’air fut aussitôt nettoyé de ces insupportables insectes.
Le foyer dut être entretenu pendant toute la nuit par John Cort, Max Huber et Khamis, qui veillèrent tour à tour. Aussi, le matin venu, bien remis grâce à un bon sommeil, ils reprirent dès le petit jour la descente du rio Johausen.
Rien n’est variable comme le temps sous ce climat de l’Afrique du centre. Au ciel clair de la veille succédait un ciel grisâtre qui promettait une journée pluvieuse. Il est vrai, comme les nuages se tenaient dans les basses zones, il ne tomba qu’une pluie fine, simple poussière liquide, néanmoins fort désagréable à recevoir.
Par bonheur, Khamis avait eu une excellente idée. Ces feuilles de bananier, de l’espèce enseté, sont peut-être les plus grandes de tout le règne végétal. Les noirs s’en servent pour la toiture de leurs paillotes. Rien qu’avec une douzaine, on pouvait établir une sorte de taud au centre du radeau, en liant leurs queues au moyen de lianes. C’est ce que le foreloper avait fait avant de partir. Les passagers se trouvaient donc à couvert contre cette