Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/101

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de vingt-quatre heures à cette station. Le vent soufflait avec violence de la partie du nord. Le pilote ne tenait pas à tenter la traversée du lac dans ces conditions, craignant qu’il ne fût assailli par une grosse tempête. À peine d’ailleurs si le bateau, même à force d’avirons, eût pu gagner le large, d’autant que la dérive des glaçons était arrêtée par les rafales et qu’ils remontaient vers l’angle sud du lac. Il pouvait se faire aussi qu’une embâcle se reformât, car la température s’abaissait, et le thermomètre marquait deux degrés au-dessous de zéro.

Cette station, crée sur le même modèle et pour les mêmes besoins que celles des lacs Lindeman et Benett, comprenait déjà une centaine de maisons et de cabanes. L’une de ces maisons se décorait du nom d’hôtel, à prix excessifs, cela va sans dire, et sans le moindre confort. Mais Summy Skim, Ben Raddle et les religieuses purent y trouver des chambres libres.

Le soir, les deux cousins et Bill Stell, étant réunis dans la salle basse de l’hôtel, s’entretinrent de la durée probable du voyage.

« Après la traversée du lac Labarge, en descendant la Lewis, dit le Scout, on ne peut faire plus de quatre à cinq lieues par jour. Or, comme nous sommes encore à (…) lieues de Dawson-City, je ne compte pas y arriver avant la première semaine de juin.

— Nous ne naviguerons donc pas de nuit ? demanda Ben Raddle.

— Ce serait imprudent, car la Lewis est encombrée de glaçons, répondit Bill Stell, et Neluto ne voudrait pas s’y risquer…

— Alors, fit observer Summy Skim, nous accosterons l’une ou l’autre rive ?…

— Oui, monsieur Skim, et s’il y a du gibier aux environs, vous aurez tout le loisir de faire bonne chasse…

— Je ne manquerai pas, Scout, de lui envoyer quelques coups de fusil.

— Et vous ne le manquerez pas, j’en suis sûr.

— Mais, observa Ben Raddle, n’arriver que dans la première semaine de juin au Klondike, n’est-ce pas déjà tard pour l’exploitation des claims ?…

— Non, monsieur Raddle, répondit le Scout. Songez à ces milliers d’émigrants qui sont encore en arrière et n’arriveront que bien après nous ! L’exploitation des placers n’est guère possible qu’à la mi-juin, lorsque le sol est entièrement dégelé…

— Peu nous importe, d’ailleurs, ajouta Summy Skim. Nous n’allons pas là pour prospecter sur le claim 129, mais pour le vendre au meilleur prix. Et, en admettant que l’affaire nous retienne jusqu’en juillet, nous aurons le temps de revenir à Montréal avant l’hiver. »

Le lac Labarge, long de cinquante kilomètres environ, se compose

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