Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/102

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de deux parties qui se coudent à l’endroit même d’où sort la rivière Lewis pour prendre direction vers le nord. Démarré dans la matinée du 18 mai, le bateau dut employer quarante-huit heures à traverser cette première partie du lac.

Ce fut donc dans l’après-midi du 20 mai, vers cinq heures, que le Scout et ses compagnons, après avoir essuyé forces rafales, atteignirent le cours de la Lewis, qui oblique au nord-est en gagnant vers Fort Selkirk. Dès le lendemain, le bateau s’y engagea au milieu de la débâcle, en tenant autant que possible le milieu de la rivière où le courant laissait libre passage.

Le soir, à cinq heures, le Scout donna l’ordre d’accoster la rive droite, près de laquelle il comptait passer la nuit. Summy Skim débarqua aussitôt. Un peu après, plusieurs détonations retentirent, et une couple de canards et de gélinottes permirent d’économiser les conserves au souper.

Du reste, ces haltes de nuit que s’imposait Bill Stell, les autres embarcations qui descendaient le cours de la Lewis se les imposaient aussi, et nombre de feux de campement s’allumaient sur les rives.

À partir de ce jour, la question du dégel parut être entièrement résolue. Le thermomètre se tenait à cinq ou six degrés au-dessus de zéro sous l’influence des vents du sud. Il n’y avait donc plus à craindre que la rivière vînt à se prendre. Les émigrants ne devaient plus se préoccuper ni de traînages ni de portages. Vraisemblablement les lacs Lindeman, Benett, Tagish, Marsh, Labarge étaient dégagés et le courant entraînait rapidement les glaçons vers l’aval.

Pendant ces campements nocturnes, il n’y avait à redouter aucune attaque de fauves. On ne signalait point la présence des ours dans les environs de la Lewis. Summy Skim n’eut donc point, à son vif regret peut-être, (l’occasion)[1] d’abattre l’un de ces formidables plantigrades. Mais, en revanche, il fallait se défendre contre les moustiques qui envahissaient les rives par myriades, et c’est à peine si l’on parvenait à éviter leurs morsures aussi douloureuses qu’agaçantes en conservant les feux toute la nuit.

Après avoir descendu la Lewis pendant une cinquantaine de kilomètres, le Scout et ses compagnons dans l’après-midi du 23 aperçurent le confluent du rio Hootalinga, puis le lendemain, celui du Big Salmon, deux tributaires de la Lewis. Il y eut lieu de remarquer là combien les eaux bleues de la rivière s’altéraient au mélange de ses affluents. Le jour suivant, le bateau passait devant l’embouchure du rio Walsh, maintenant délaissé par les mineurs, bien qu’il eût produit dix sols à l’écuelle, et que l’on disait vidé jusqu’à sa dernière poche. Puis, ce fut le Cassiar, banc

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