Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/109

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que Dawson-City devienne une métropole comme Vancouver de la Colombie britannique ou Sacramento de la Californie américaine ?…

Dès les premiers temps, la nouvelle ville fut menacée de disparaître sous l’inondation comme il en était du marécage dont elle occupait la place. Le Klondike la sépare en deux quartiers situés sur la rive droite du Yukon, et, à l’époque de la débâcle, telle est l’abondance des eaux que les plus grands ravages y sont à redouter.

Il fallut donc construire des digues solides pour se garantir contre ces inondations, qui, d’ailleurs, ne se produisaient que pendant une courte période. En effet, durant l’été, l’étiage des eaux du Klondike baisse à ce point que les piétons peuvent passer à sec d’un quartier à l’autre.

On le voit, les débuts de la nouvelle ville furent difficiles, ce qui n’empêcha pas le nombre de ses habitants de s’accroître dans une proportion considérable.

Au surplus, Ben Raddle, on ne l’ignore pas, connaissait à fond l’histoire de ce district ; il s’était mis au courant de toutes les découvertes depuis quelques années. Il savait quelle avait été la progression constante du rendement des placers et quels coups de fortune s’y étaient produits. Qu’il ne fût venu au Klondike que pour prendre possession du claim de Forty Miles Creek, pour en reconnaître la valeur, pour le vendre en en tirant le meilleur prix, à cela nul doute. Mais Summy Skim sentait bien que Ben Raddle, à mesure qu’il s’approchait de Dawson-City, s’intéressait plus qu’il ne l’eût voulu aux travaux des mineurs, et il craignait toujours qu’il fût tenté d’y prendre part. Assurément, lui s’y opposerait, il ne laisserait pas son cousin s’engager dans de telles entreprises, il ne lui permettrait pas de s’installer dans ce pays de l’or et de la misère !

À cette époque, le district ne comptait pas moins de huit mille claims, numérotés depuis l’embouchure des affluents et des sous-affluents du Yukon jusqu’à leur source. Les lots étaient de cinq cents pieds superficiels ou de deux cent cinquante, d’après la modification apportée par la loi de 1896.

Il faut le remarquer, l’engouement des prospecteurs, la préférence des syndicats allait toujours aux gisements de la Bonanza, de ses tributaires, et aussi des moyennes montagnes de la rive gauche. N’est-ce pas dans ce lot privilégié que Georgie Mac Cormack vendit plusieurs claims de vingt-quatre pieds de longueur sur quatorze de largeur dont on retira des pépites pour une valeur de huit mille dollars, soit quarante mille francs, en moins de trois mois ?

Est-ce que la richesse des gisements de I’Eldorado n’est pas telle que, d’après le cadastreur Ogilvie, la moyenne de chaque plat est comprise entre vingt-cinq et trente-cinq francs. D’où cette logique conclusion, c’est que si, comme tout le donne à croire, la veine est large de trente pieds, longue de cinq cents, épaisse de cinq, elle produira jusqu’à vingt millions de francs.

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