Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/137

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après que leur oncle, formalités remplies et droits payés, s’était mis en possession du 129.

« M. Lacoste, dit-il, n’employa pas d’abord son personnel, qui se composait d’une cinquantaine d’ouvriers, à percer des puits sur la rive du creek. Il se contenta de procéder au grattage superficiel qu’exige la loi avec trois mois de résidence par an sur le placer. Ce fut seulement vers la fin de la première campagne que les puits s’enfoncèrent dans la couche métallique.

— Et combien en avez-vous percé à cette époque ? demanda Ben Raddle.

— Quatorze, répondit le contremaître. Chacun d’eux avait un orifice de neuf pieds carrés, ainsi que vous pouvez le voir. Ils sont restés dans l’état, et il suffirait d’y puiser pour reprendre l’exploitation…

— Mais, demanda à son tour Summy Skim, avant de creuser ces puits, quel profit avait donné le grattage du sol, et le rendement couvrait-il les dépenses ?…

— Assurément non, monsieur, répondit Lorique, et il en est ainsi sur presque tous les gisements, lorsqu’on se borne à laver le gravier et les galets aurifères.

— Vous travaillez seulement au plat et à l’écuelle, observa Ben Raddle.

— Uniquement, messieurs, et il est rare que nous ayons rapporté des plats de quinze francs…

— Tandis que dans les claims de la Bonanza, dit-on, s’écria Summy Skim, on en fait de deux à trois mille…

— Croyez bien que c’est l’exception, déclara le contremaître, et si la moyenne est d’une centaine de francs, on se tient pour satisfait ! Quant à celle du 129, elle n’a jamais dépassé six à sept francs, et, comme les gages des ouvriers montaient jusqu’à sept francs cinquante l’heure…

— Triste résultat ! » dit Summy Skim.

Mais alors, Ben Raddle posa la question suivante :

« Pourquoi avoir entendu si longtemps avant de forer les puits ?…

— Parce qu’il est nécessaire que l’eau, dont ils se remplissent peu à peu, répondit Lorique, vienne à se congeler. Elle forme une sorte de blindage solide qui maintient les parois et permet de creuser d’autres puits sans provoquer d’éboulement.

— Ainsi, dit Ben Raddle, il a fallu laisser passer l’hiver pour les utiliser…

— C’est ce que nous avons fait, monsieur Raddle, répondit le contremaître.

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