Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/30

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— Moi ?…

— Toi !

— Jamais !

— Si, car l’affaire nous regarde tous deux…

— Je te donnerai tout pouvoir…

— Non… je t’emmène…

— Mais il s’agit d’un voyage de deux mille lieues…

— Mettons cinq cents de plus…

— Et qui durera ?

— Ce qu’il devra durer… si nous avons intérêt, non point à vendre notre claim, mais à l’exploiter…

— Comment… l’exploiter ?… s’écria Summy Skim. Mais alors… c’est toute une année…

— Deux, si cela est nécessaire !

— Deux ans ! deux ans ! répétait Surnrny Skim.

— Et faut-il y regarder, déclara Ben Raddle, lorsque chaque mois accroîtra notre fortune ?

— Non !… non !… s’exclamait Summy Skim, en se blottissant, en s’enfonçant dans son fauteuil, comme un homme bien résolu à ne le jamais quitter.

Alors Ben Raddle fit un dernier effort pour le convaincre. Il reprit l’affaire sous toutes ses faces. Il lui prouva par les plus pressantes raisons que leur présence était indispensable au claim du Forty Miles Creek, qu’il n’était pas permis d’hésiter, et il conclut en ajoutant :

« Quant à moi, Summy, je suis décidé à partir pour Dawson-City, et je ne puis croire que tu refuses de m’accompagner ! »

Et alors, Summy Skim d’appuyer ses intentions sur le trouble que ce voyage jetterait dans leur existence. Avant deux mois, ils devaient avoir quitté Montréal pour s’installer à Green Valley pour y reprendre les campagnes de pêche et de chasse.

« Bon ! répliqua Ben Raddle, le gibier ne manque point aux plaines ni le poisson aux rios du Klondike, et tu pêcheras, tu chasseras dans un pays nouveau qui te réservera des surprises !

— Mais nos fermiers… nos braves fermiers qui nous attendent…

— Et auront-ils lieu de regretter notre absence, lorsque nous serons revenus assez riches pour leur bâtir d’autres fermes et acheter tout le district ! D’ailleurs, Summy, tu as été trop sédentaire jusqu’ici !… Il faut un peu courir le monde…

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