Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Comptez-vous y séjourner toute la saison ? dit sœur Madeleine.

— Oh non ! s’écria Summy Skim, le temps seulement de liquider l’affaire qui nous y appelle, et cela peut se faire en quelques jours. Mais enfin, puisque nous allons prendre la route du Klondike, mes sœurs, dans le cas où vous ne feriez pas arrangement avec cette caravane, nous sommes bien à votre disposition…

— Nous vous remercions, messieurs, répondit sœur Marthe. Quoi qu’il arrive, nous vous retrouverons à Dawson-City, où notre Supérieure sera heureuse de revoir des compatriotes. »

Dès son arrivée à Skagway, Ben Raddle s’était occupé d’assurer son transport jusqu’à la capitale du Klondike. Suivant le conseil qui lui avait été donné à Montréal, il s’était enquis d’un certain Bill Stell, dont on lui répondait et avec lequel il comptait se mettre en relation.

Bill Stell se trouvait précisément en ce moment à Skagway. C’était un ancien coureur des Prairies, d’origine canadienne. Pendant quelques années, à la grande satisfaction de ses chefs, Bill Stell avait rempli les fonctions de Scout ou d’éclaireur dans les troupes du Dominion et pris part aux longues luttes qu’elles eurent à soutenir contre les Indiens. On le tenait pour un homme de grand courage, de grand sang-froid et de grande énergie.

Le Scout faisait actuellement le métier de convoyeur pour les émigrants que le retour de la belle saison appelait ou rappelait au Klondike. Ce n’était pas seulement un guide, c’était aussi le chef d’un personnel, et le propriétaire du matériel exigé en vue de ce difficile voyage, des hommes pour le service des bateaux dans la traversée des lacs, des chiens pour le tirage des traîneaux à la surface des plaines glacées qui s’étendent au-delà des passes du Chilkoot, en même temps qu’il assurait la nourriture de la caravane organisée par ses soins.

C’est précisément parce qu’il comptait utiliser les services de Bill Stell que Ben Raddle, en quittant Montréal, ne s’était point embarrassé de bagages encombrants. Il savait que le Scout lui fournirait tout ce qui serait nécessaire pour atteindre le Klondike, et il ne doutait pas de s’entendre à prix convenable pour l’aller et le retour.

Le lendemain de son arrivée à Skagway, lorsque Ben Raddle se rendit à la maison de Bill Stell, il lui fut répondu que le Scout était absent. Il avait été conduire une caravane par la White Pass jusqu’à l’extrémité du lac Benett ; mais son départ remontant à une dizaine de jours déjà, il ne devait pas tarder à revenir. S’il n’avait pas éprouvé de retards sur sa route, ou s’il n’avait point été requis de nouveau par d’autres voyageurs au sortir de la passe, il pouvait être à Skagway dès le lendemain.

C’est précisément ce qui arriva, et le lendemain, Raddle étant retourné à la maison de Bill Stell put se mettre en rapport avec lui.

65