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— Non, pas même à quinze jours près, répondit le Scout. J’ai vu des voyageurs aller de Skagway à Dawson-City en trois semaines, et d’autres qui n’y ont pas mis moins de deux mois. Je vous le répète, cela dépend de l’époque à laquelle on se met en route.

— J’espère bien, dit Ben Raddle, que nous serons arrivés au Klondike dans la première semaine de juin…

— Je l’espère aussi, répondit Bill Stell, mais sans vouloir l’assurer.

— Eh bien, répliqua Summy Skim, en prévision de ce long voyage, prenons des forces, et, puisque nous avons l’occasion de passer une bonne nuit à la station du lac Lindeman, allons dormir ! »

Et, en effet, ce fut une des meilleures nuits que les deux cousins eussent passée depuis leur départ de Vancouver. Les poêles, largement alimentés, maintenaient une haute température dans cette maisonnette, bien abritée et bien close.

Le lendemain, 8 mai, sœur Marthe et sœur Madeleine furent les premières à paraître dans la salle commune. Elles s’occupèrent de préparer le café dont Summy Skim et Ben Raddle trouveraient deux bonnes tasses bien chaudes sur la table. Cela constituerait le seul repas à prendre avant l’embarquement du Scout et de ses compagnons pour la traversée du lac Lindeman.

Du reste, le départ ne devait pas s’effectuer avant neuf heures. Bill Stell comptait avoir assez d’une demi-journée pour atteindre l’extrémité du lac, puis la station du lac Benett où l’on passerait la nuit suivante dans des conditions à peu près pareilles.

Au surplus, le mieux était de s’en rapporter à lui pour tout ce qui concernait ce voyage dont il avait l’expérience, et, l’ayant vu à l’œuvre déjà, les deux cousins entendaient bien le laisser faire à sa guise.

Si, à l’intérieur de la maison, la température dépassait sept degrés au-dessus de zéro, le thermomètre à l’extérieur en marquait quinze au-dessous. Cette différence exigeait que l’on prit certaines précautions indispensables.

Aussi, Summy Skim, tout en partageant avec les religieuses ce déjeuner du matin, les engagea-t-il à se couvrir très chaudement sur le bateau que l’attelage des chiens allait tirer à la surface du lac.

« Les couvertures ne nous font pas défaut, dit-il, et le froid n’épargne pas plus les sœurs de la Miséricorde que les autres voyageurs. Que la règle de votre ordre le permette ou non, vous voudrez bien vous envelopper de fourrures des pieds à la tête.

— Ce n’est point défendu, répondit en souriant sœur Madeleine.

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