Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/88

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— Soit, répondit Summy Skim, mais ce qui est défendu, c’est de s’exposer inutilement, et nous comptons, mes sœurs, que vous prendrez à Dawson-City toutes les précautions qu’exige ce climat abominable — où se produisent des froids de cinquante degrés au-dessous de glace.

— L’hiver… fit observer Ben Raddle.

— Oui… l’hiver, riposta Summy Skim. Il ne manquerait plus que ce fût l’été ! Et maintenant, sœur Marthe, et vous sœur Madeleine, emmitouflez-vous ; et en route. »

Il était neuf heures lorsque le signal du départ fut donné. Les hommes qui avaient accompagné le Scout depuis Skagway devaient le suivre jusqu’au Klondike. Leurs services seraient utiles pour la conduite du bateau transformé en traîneau, en attendant qu’il pût naviguer sur les lacs et descendre le cours de la Lewis ou du Yukon.

Quant aux chiens, ils appartenaient à cette race si remarquablement acclimatée en cette région. Ces animaux, dépourvus de poils aux pattes, n’en sont que plus aptes à courir sur la neige, sans risquer de s’y entraver. Mais, de ce qu’ils fussent acclimatés, il ne faudrait pas en conclure qu’ils n’étaient pas restés sauvages. En vérité, ils paraissaient l’être tout autant que des loups ou des renards. Aussi, n’est-ce pas précisément en employant les caresses et les sucreries que leurs conducteurs parviennent à s’en rendre maîtres.

Parmi le personnel de Bill Stell, se trouvait à présent un pilote auquel serait réservée la direction du bateau en cours de navigation.

C’était un Indien du Klondike, nommé Neluto, très au courant de son métier, connaissant bien les difficultés de toutes sortes qu’offre la traversée des lacs, des rapides et des rivières. Depuis neuf ans employé par le Scout en cette qualité de pilote, l’on pouvait se fier à son habileté.

Neluto, âgé d’une quarantaine d’années, vigoureux, adroit de ses mains, marcheur infatigable, contrastait avec les Indiens de ces territoires, ainsi que l’observa Summy Skim.

En effet, les indigènes de la haute Colombie comme ceux de l’Alaska sont généralement laids, mal bâtis, les épaules étroites, le corps grêle, une race qui tend à disparaître. Ce ne sont point des Esquimaux bien qu’ils aient le teint très foncé de ces tribus hyperboréennes, mais ce qui contribue à leur en donner la ressemblance, ils ont les cheveux huilés, longs et flottants, qu’ils laissent retomber sur leurs épaules.

Nul doute que Neluto n’eût beaucoup gagné à son métier qui le mettait sans cesse en rapport avec les étrangers, bien que ceux-ci ne soient évidemment pas de premier choix depuis l’invasion du Klondike par des émigrants de toute provenance. D’ailleurs, avant d’être engagé dans le per-

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