qu’ils fussent du campement, les chasseurs devaient apercevoir le volcan. Mais s’ils étaient victimes d’un accident ? S’ils se trouvaient dans l’impossibilité de revenir ?
Deux heures se passèrent. Ben Raddle ne tenait plus en place et le Scout commençait à devenir nerveux. Le soleil allait descendre sous l’horizon et l’espace ne serait plus éclairé que par la lumière crépusculaire des hautes latitudes.
Un peu après dix heures, Ben Raddle et le Scout, qui, de plus en plus inquiets, avaient quitté le campement, longeaient la base de la montagne au moment où le soleil disparaissait au couchant. Le dernier regard qu’ils jetèrent sur la plaine leur montra qu’elle était déserte. Immobiles, ils écoutaient, l’oreille tendue, tandis que la nuit tombait peu à peu. Aucun bruit n’arrivait jusqu’à eux de toute l’étendue de la plaine aussi silencieuse que déserte.
« Que supposer, monsieur Raddle ? dit le Scout. La chasse aux orignals n’est pas une chasse dangereuse, et, à moins que M. Skim et Neluto n’aient été aux prises avec des ours…
— Des ours… ou des pillards, Bill… Oui ! j’ai le pressentiment qu’il leur est arrivé malheur !
Bill Stell saisit brusquement la main de l’ingénieur.
— Écoutez ! dit-il.
Dans la nuit grandissante des aboiements lointains se faisaient entendre.
— Stop ! cria Ben Raddle.
— Ils ne sont pas loin ! ajouta le Scout.
Les aboiements augmentaient de force. Il s’y mêlait des plaintes comme si le chien eût été blessé.
Ben Raddle et son compagnon coururent au-devant de Stop, qu’ils découvrirent au bout de deux cents pas.
Le chien revenait seul, traînant la patte, l’arrière-train ensanglanté. Il semblait à bout de forces.
— Blessé !.. blessé !.. et seul !.. s’écria Ben Raddle dont le cœur battait avec violence.