Aller au contenu

Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
192
LES FRÈRES KIP

Partout, les hôtes de M. Zieger reçurent un excellent accueil. Cet honnête négociant occupait une situation prépondérante à la Compagnie commerciale qui exerçait l’autorité politique. Il était, par ce fait, revêtu d’un certain pouvoir judiciaire que les indigènes ne se refusaient point à reconnaître. Jamais, d’ailleurs, une année ne s’écoulait sans qu’un navire de guerre vînt relâcher à l’une des îles de l’archipel Bismarck, et rendît aux couleurs allemandes les honneurs réglementaires, lorsque M. Zieger les faisait hisser au mât de pavillon de Port-Praslin.

Au surplus, le gouvernement impérial avait laissé aux naturels leur indépendance presque complète. Les tribus n’ont pour ainsi dire pas de chefs. Si quelque autorité est dévolue aux vieillards, du moins tous les membres de la peuplade vivent-ils sur le pied d’égalité. Il n’existe plus d’esclaves, même dans les villages de l’intérieur, et tous les travailleurs sont libres. C’est à ce titre, moyennant un salaire payé en objets manufacturés ou de consommation, qu’ils s’emploient dans les fabriques ou à la culture des champs, D’ailleurs, avant la suppression de l’esclavage, les esclaves étaient convenablement traités par leurs maîtres.

Ce début de civilisation est certes dû au zèle, au dévouement des missionnaires qui se sont fixés sur différents points de l’archipel, ils le parcourent sans cesse, l’Évangile à la main. À Port-Praslin existe une chapelle protestante, que deux de ces pasteurs desservent et qui suffit aux besoins du culte.

Ce fut pendant une excursion vers la partie centrale de l’île, à trois milles environ du port, que M. Hawkins, Nat Gibson et les frères Kip, guidés par M. Zieger, visitèrent un village tombarien.

Ce village n’était que l’agglomération d’une cinquantaine de cases en bois, et, bien que le sol ne fût point marécageux, elles s’élevaient sur pilotis.

Ces naturels appartenaient sans aucun doute à la race papoua-