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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/139

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le donjon de pisino.

fenêtre de sa cellule, qui s’ouvrait au-dessus du Buco, c’était, pour lui, marcher aussi sûrement à la mort que s’il eût été se placer en face du peloton d’exécution.

Ladislas Zathmar et Étienne Bathory n’attendaient plus que le moment d’agir, prêts à rester, s’il le fallait, et à se sacrifier pour venir en aide au comte Sandorf, prêts à le suivre, si leur fuite ne devait pas compromettre la sienne.

« Nous fuirons tous les trois, dit Mathias Sandorf, quitte à nous séparer, lorsque nous serons dehors ! »

Huit heures du soir sonnaient alors au beffroi de la ville. Les condamnés n’avaient plus que douze heures à vivre.

La nuit commençait à se faire, — une nuit qui devait être obscure. Des nuages épais, presque immobiles, se déroulaient pesamment à travers l’espace. L’atmosphère, lourde, presque irrespirable, était saturée d’électricité. Un violent orage menaçait. Les éclairs ne s’échangeaient pas encore entre ces masses de vapeurs, disposées comme autant d’accumulateurs du fluide, mais déjà de sourds grondements couraient le long de l’écheveau des montagnes qui environnent Pisino.

Une évasion, entreprise dans ces conditions, aurait donc pu présenter quelques chances, si un