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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/200

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mathias sandorf.

raison des devoirs qu’elle avait eus à remplir dès son jeune âge, ayant dans son attitude, dans ses mouvements, ce calme que donne une nature réfléchie, tout dénotait en cette jeune fille une énergie dont elle ne devait jamais se départir, quelles que fussent les circonstances où le sort la jetterait. Plusieurs fois, elle avait été recherchée par de jeunes pêcheurs de la contrée, sans rien vouloir entendre à ce sujet. Toute sa vie n’appartenait-elle pas à son père et à cet enfant, qui lui semblait être né de son cœur ?

Quant à Luigi, c’était un garçon déterminé, vaillant, travailleur, déjà habitué à l’existence du marin. Il accompagnait Andréa Ferrato dans ses pêches et pilotages, tête nue, au vent, à la pluie. Il promettait d’être plus tard un homme vigoureux, bien portant, bien constitué, plus que hardi, même, audacieux, fait à toutes les intempéries, n’ayant aucun souci du danger. Il aimait son père. Il adorait sa sœur.

Le comte Sandorf avait minutieusement observé ces trois êtres, unis dans une si touchante affection. Qu’il fût chez de braves gens, auxquels il pouvait se fier, nul doute à cet égard.

Lorsque le repas fut achevé, Andréa Ferrato se leva, et, s’approchant de Mathias Sandorf :

« Allez dormir, messieurs, dit-il simplement.