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mathias sandorf.

Cela n’explique-t-il pas, — ainsi qu’on l’a déjà pressenti, — le sympathique rapprochement qui s’était fait entre Pierre Bathory et Sava Toronthal ? Oui ! une sorte de malchance, intervenant dans le jeu du banquier, s’était plu à mettre ces deux jeunes gens en présence l’un de l’autre. Sava avait à peine douze ans, quand, un jour, on avait dit devant elle, en montrant Pierre :

« C’est le fils d’un homme qui est mort pour la Hongrie ! »

Et cela ne devait jamais s’effacer de sa mémoire.

Puis tous deux avaient grandi, Sava songeait à Pierre, avant même que celui-ci l’eût remarquée. Elle le voyait si grave, si pensif ! Mais, s’il était pauvre, du moins travaillait-il pour être digne du nom de son père, et elle en connaissait toute l’histoire.

On sait le reste, on sait comment Pierre Bathory fut à son tour séduit et charmé à la vue de Sava, dont la nature devait sympathiser avec la sienne, comment, lorsque la jeune fille ignorait peut-être encore le sentiment qui naissait en elle, le jeune homme l’aimait déjà d’un amour profond qu’elle devait bientôt partager.

Tout ce qui concerne Sava Toronthal aura été dit, lorsqu’on saura quelle était sa situation dans sa famille.