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mathias sandorf.

existe dans tous les navires à vapeur, deux chaînes de fer pendaient à l’arrière et venaient se relier au gouvernail. Je saisis l’une de ces chaînes, je m’élevai jusqu’à leur crampon d’amarrage, un peu au-dessus de l’eau, je m’installai tant bien que mal près de l’étambot… J’étais relativement en sûreté.

« Trois heures après, le jour vint. Je calculai qu’il me faudrait rester dans cette situation pendant vingt heures encore, si le steamer faisait escale à Brindisi ou à Otrante. Ce dont je devrais le plus souffrir, ce serait de la soif et de la faim. L’important, c’est que je ne pouvais être aperçu du pont, ni même de la baleinière, suspendue à l’arrière sur ses porte-manteaux. De quelques bâtiments courant à contre-bord, il est vrai que je pouvais être vu et signalé. Mais peu de navires nous croisèrent pendant cette journée, et ils passèrent assez loin pour qu’on ne pût apercevoir un homme accroché dans les chaînes du gouvernail.

« Un ardent soleil me permit bientôt de faire sécher mes vêtements, dont je me dépouillai. Les trois cents florins d’Andréa Ferrato étaient toujours dans ma ceinture. Ils devaient m’assurer la sécurité, lorsque je serais à terre. Là, je n’aurais rien à craindre. En pays étranger, le comte Mathias Sandorf, n’avait point à redouter les agents de l’Autriche. Il