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mathias sandorf.

j’attendis les événements, avant d’arrêter le plan de toute une vie nouvelle.

« Deux jours après, Pierre, les journaux m’apprenaient que la conspiration de Trieste avait eu son dénouement. On disait aussi que des recherches avaient été faites pour retrouver le corps du comte Sandorf, mais sans résultat. J’étais tenu pour mort, — aussi mort que si je fusse tombé avec mes deux compagnons, Ladislas Zathmar et ton père, Étienne Bathory, sur la place d’armes du donjon de Pisino !

« Moi, mort !… Non, Pierre, et l’on verra si je suis vivant ! »

Pierre Bathory avait avidement écouté le récit du docteur. Il était aussi vivement impressionné que si ce récit lui eût été fait du fond d’une tombe. Oui ! c’était le comte Mathias Sandorf qui parlait ainsi ! Vis-à-vis de lui, vivant portrait de son père, sa froideur habituelle l’avait peu à peu abandonné, il lui avait ouvert entièrement son âme, il venait de la lui montrer telle qu’elle était, après l’avoir cachée à tous depuis tant d’années ! Mais il n’avait encore rien dit de ce que Pierre brûlait d’apprendre, rien de ce qu’il attendait de son concours !

Ce que le docteur venait de raconter de son audacieuse traversée de l’Adriatique, était vrai jusque dans ses moindres détails. C’est ainsi qu’il