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le passé et le présent.

était arrivé sain et sauf à Brindisi, tandis que Mathias Sandorf allait rester mort pour tous.

Mais il s’agissait de quitter Brindisi sans retard. Cette ville n’est qu’un port de passage. On vient s’y embarquer pour les Indes ou y débarquer pour l’Europe. Il est le plus souvent vide, excepté un ou deux jours par semaine, à l’arrivée des paquebots, et plus particulièrement de ceux de la « Peninsular and Oriental Company ». Or, cela suffisait pour que le fugitif de Pisino pût être reconnu, et, on le répète, s’il n’avait rien à craindre pour sa vie, il lui importait que l’on crût à sa mort.

C’est à cela que le docteur réfléchissait, le lendemain de son arrivée à Brindisi, en se promenant au pied de la terrasse que domine la colonne de Cléopâtre, à l’endroit même où commençait l’antique voie Appienne. Déjà le plan de sa vie nouvelle était arrêté. Il voulait aller dans l’Orient conquérir la richesse, et avec elle la puissance. Mais de s’embarquer sur un de ces paquebots qui font le service sur la côte de l’Asie Mineure, au milieu de passagers de toutes nations, cela ne pouvait lui convenir. Il lui fallait un moyen de transport plus secret qu’il ne pouvait trouver à Brindisi. Aussi, le soir même, partait-il pour Otrante par le chemin de fer.