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le passé et le présent.

renom, — c’est à ces études que j’allais demander maintenant de suffire à mon existence.

« Je fus assez heureux pour réussir, et plus promptement que je ne devais l’espérer, d’abord à Smyrne, où, pendant sept ou huit ans, je me fis une grande réputation comme médecin. Quelques cures inespérées me mirent en rapport avec les plus riches personnages de ces contrées, dans lesquelles l’art médical est encore à l’état rudimentaire. Je résolus alors de quitter cette ville. Et, comme les professeurs d’autrefois, guérissant en même temps que j’enseignais l’art de guérir, m’initiant à la thérapeutique inconnue des talebs de l’Asie Mineure et des pandits de l’Inde, je parcourus toutes ces provinces, m’arrêtant, ici quelques semaines, là quelques mois, appelé, demandé, à Karahissar, à Binder, à Adana, à Haleb, à Tripoli, à Damas, toujours précédé d’une renommée qui croissait sans cesse, et récoltant une fortune qui croissait avec ma renommée.

« Mais ce n’était pas assez. Il me fallait acquérir une puissance sans bornes, telle qu’aurait pu l’avoir un de ces opulents rajahs de l’Inde, dont la science eût égalé la richesse.

« Cette occasion se présenta.

« Il y avait à Homs, dans la Syrie septentrionale,