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ce qui se passait à raguse.

par la patience, car le retard apporté à ce mariage paraissait devoir se prolonger.

Lorsque la jeune fille se fut relevée — physiquement au moins — de cette effroyable secousse, lorsque Sarcany put croire qu’il allait être question de reprendre ses projets, Mme Toronthal tomba malade à son tour. Chez cette malheureuse femme, les ressorts de la vie étaient usés. On ne s’en étonnera pas, après ce qu’avait été toute son existence depuis les événements de Trieste, lorsqu’elle avait appris à quel homme indigne elle était liée. Puis, survinrent sinon ses luttes, du moins ses démarches en faveur de Pierre, pour réparer en partie le mal fait à la famille Bathory, l’inutilité de ses prières devant l’influence de Sarcany, si inopinément revenu à Raguse.

Dès les premiers jours, il fut constant que cette vie allait se briser définitivement. Quelques jours encore, c’était tout ce que les médecins pouvaient donner à Mme Toronthal. Elle se mourait d’épuisement. Aucun traitement n’eût pu la sauver, quand même Pierre Bathory fût sorti de sa tombe pour devenir le mari de sa fille !

Sava put lui rendre alors tous les soins qu’elle avait reçus d’elle, et ne quitta plus son chevet ni la nuit ni le jour.