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mathias sandorf.

Ce que Sarcany dut éprouver devant ce nouveau retard, on le comprend. De là, d’incessantes objurgations au banquier, qui n’était pas moins que lui réduit à l’impuissance.

Le dénouement de cette situation ne pouvait se faire attendre.

Vers le 29 juillet, c’est-à-dire quelques jours après, Mme Toronthal parut avoir retrouvé un peu de ses forces.

Ce fut une fièvre ardente qui les lui donna, mais dont la violence devait l’emporter dans les quarante-huit heures.

Dans cette fièvre, le délire la prit : elle se mit à divaguer, laissant échapper des phrases incompréhensibles.

Un mot — un nom qui revenait sans cesse, — était bien fait pour surprendre Sava. C’était celui de Bathory, non pas le nom du jeune homme, mais le nom de sa mère que la malade appelait, suppliait, répétant, comme si elle eût été assaillie de remords :

« Pardonnez !… madame !… pardonnez !… »

Et, lorsque Mme Toronthal, dans un répit que lui laissaient les accès de fièvre, fut interrogée par la jeune fille :

« Tais-toi !… Sava !… Tais-toi !… Je n’ai rien dit !… » s’écriait-elle, épouvantée.