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ce qui se passait à raguse.

Vint la nuit du 30 au 31 juillet. Un instant, les médecins purent croire que la maladie de Mme Toronthal, après avoir atteint sa période la plus aiguë, allait commencer à décroître.

La journée avait été meilleure, sans troubles cérébraux, et il y avait lieu d’être surpris d’un changement si inattendu dans l’état de la malade. La nuit même promettait d’être aussi calme que l’avait été la journée.

Mais, s’il en était ainsi, c’est que Mme Toronthal, au moment de mourir, venait de sentir renaître en elle une énergie dont on l’eût crue incapable. C’est qu’après s’être mise en règle avec Dieu, elle avait pris une résolution et n’attendait plus que l’occasion de l’exécuter.

Cette nuit-là, elle exigea que la jeune fille allât se reposer quelques heures. Sava, malgré tout ce qu’elle put objecter, dut obéir à sa mère, tant elle la vit décidée sur ce point.

Vers onze heures du soir, Sava rentra dans sa chambre. Mme Toronthal resta seule dans la sienne. Tout dormait dans l’hôtel, où régnait ce silence qu’on a si justement nommé un « silence de mort ! »

Mme Toronthal se releva alors, et cette malade, à laquelle on croyait que sa faiblesse interdisait le