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mathias sandorf.

plus léger mouvement, eut la force, après s’être vêtue, d’aller s’asseoir devant un petit bureau.

Là elle prit une feuille de papier à lettre, et, d’une main tremblante, écrivit quelques lignes seulement qui furent suivies de sa signature. Puis, elle glissa cette lettre dans une enveloppe qui fut cachetée et sur laquelle elle mit cette adresse :

« Madame Bathory, rue Marinella, Stradone.

— Raguse. »

Mme Toronthal, se raidissant alors contre la fatigue que ce travail lui avait causé, poussa la porte de sa chambre, descendit le grand escalier, traversa la cour de l’hôtel, ouvrit, non sans peine, la petite porte qui donnait sur la rue, et se trouva dans le Stradone.

Le Stradone était sombre et désert à cette heure, car il devait être plus de minuit.

Mme Toronthal, se traînant d’un pas chancelant, remonta le trottoir de gauche, pendant une cinquantaine de pas, s’arrêta devant une boîte postale, y jeta sa lettre et revint vers l’hôtel.

Mais tout ce qu’elle avait retrouvé de force pour accomplir ce dernier acte de sa volonté, était épuisé, et elle tomba, sans mouvement, sur le seuil de la porte cochère.

Ce fut là qu’elle fut trouvée une heure après. Ce