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ce qui se passait à raguse.

fut là que Silas Toronthal et Sava vinrent la reconnaître. C’est de là qu’on la transporta dans sa chambre, sans qu’elle eût repris connaissance.

Le lendemain, Silas Toronthal apprit à Sarcany ce qui venait de se passer. Ni l’un ni l’autre n’auraient pu soupçonner que Mme Toronthal fût allée, pendant cette nuit, mettre une lettre dans la boîte du Stradone. Mais pourquoi avait-elle quitté l’hôtel ? Ils ne purent se l’expliquer, et ce fut pour eux un grave sujet d’inquiétude.

La malade languit encore pendant vingt-quatre heures. Elle ne donnait signe de vie que par quelques soubresauts convulsifs, derniers efforts d’une âme qui allait s’échapper. Sava lui avait pris la main, comme pour la retenir dans ce monde où elle allait se trouver si abandonnée ! Mais la bouche de sa mère était muette, maintenant, et le nom de Bathory ne s’échappait plus de ses lèvres. Sans doute, sa conscience tranquillisée, sa dernière volonté accomplie, Mme Toronthal n’avait plus une prière à faire ni un pardon à demander.

La nuit suivante, vers trois heures du matin, pendant que Sava se trouvait seule près d’elle, la mourante fit un mouvement, et sa main vint toucher la main de sa fille.

À ce contact, ses yeux fermés s’ouvrirent à demi.