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malte.

maisons à miradores verdâtres et à niches avec lampes allumées, ils arrivèrent devant la cathédrale de Saint-Jean, au milieu de la population la plus bruyante du monde.

Lorsqu’ils eurent atteint le dos de cette colline, à peu près à la hauteur de la cathédrale, ils redescendirent en se dirigeant vers le port de la Quarantaine ; puis, Strada San Marco, ils s’arrêtèrent à mi-côte devant un escalier qui s’enfonçait à droite vers les profondeurs de la ville.

Le Manderaggio est un quartier qui se prolonge jusque sous les remparts, avec rues étroites, où le soleil ne peut jamais pénétrer, hauts murs jaunâtres, irrégulièrement percés de mille trous, qui servent de fenêtres, les uns libres, les autres grillés. Partout, des tournants d’escaliers, descendant à de véritables cloaques, des portes basses, humides, sordides, comme aux maisons d’une Kasbah, des boyaux ravinés, des tunnels sombres, qui ne méritent même pas le nom de ruelles. Et, à toutes les ouvertures, à tous les soupiraux, sur les paliers déjetés, sur les marches branlantes, une population effroyable, des vieilles femmes à faces de sorcières, des mères à figure exsangue, anémiées par le mauvais air, des filles de tout âge, déguenillées, des garçons à demi nus, maladifs, se vautrant dans