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malte.

conduire sa bande, Carpena, très défiant vis-à-vis des compagnons qu’il embauchait, se gardait bien de le dire. Ceux-ci n’y tenaient pas, d’ailleurs. Pourvu qu’on les payât comptant, pourvu qu’on leur fît entrevoir un avenir de vols et de pillages, ils seraient allés au bout du monde — de confiance.

Il faut noter ici que Carpena n’avait pas été médiocrement surpris en rencontrant Maria dans les rues du Manderaggio. Après une absence de quinze ans, il l’avait parfaitement reconnue, comme il avait été reconnu lui-même. Très contrarié d’ailleurs qu’elle fût au courant de ce qu’il était venu faire à La Vallette.

Pointe Pescade devait donc agir par ruse, s’il voulait apprendre ce que le docteur avait tant d’intérêt à connaître, et ce que l’Espagnol gardait si secrètement. Cependant Carpena fut bientôt circonvenu par lui. Et comment n’eût-il pas remarqué ce jeune bandit si précoce, qui s’attachait à sa personne, s’insinuait dans son intimité, qui le prenait de haut avec cette racaille du Manderaggio, qui se vantait d’avoir déjà à son actif un dossier dont la moindre page lui eût valu la corde à Malte, la guillotine en Italie, la garotte en Espagne, qui marquait le plus profond mépris pour tous ces poltrons du quartier que la vue d’un policeman