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mathias sandorf.

centrale, qui est toute une montagne à elle seule, — Pélion sur Ossa, — arrondit sa cime à une altitude de trois mille trois cent seize mètres au-dessus du niveau de la mer.

Déjà le sol frémissait sous le pied. Des vibrations, provoquées par ce travail plutonique, qui fatigue incessamment le massif etnéen, couraient sous les plaques de neige. Quelques vapeurs sulfureuses du panache que le vent recourbait à l’orifice du cratère, se rabattaient parfois jusqu’à la base du cône, et une grêle de scories, semblables à du coke incandescent, tombaient sur le tapis blanchâtre où elles s’éteignaient en sifflant.

La température était très froide alors, — plusieurs degrés au-dessous de zéro, — et la difficulté de respirer très sensible par suite de la raréfaction de l’air. Les ascensionnistes avaient dû s’envelopper étroitement de leur manteau de voyage. Une brise acérée, prenant d’écharpe la montagne, s’imprégnait de flocons tenus, arrachés au sol, qui tourbillonnaient dans l’espace. De cette hauteur, on pouvait observer, au-dessous de la bouche ignivome, où se faisait une poussée haletante de flammes, d’autres cratères secondaires, étroites solfatares ou sombres puits, au fond desquels ronflaient les flammes souterraines. Puis, c’était un gron-