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mathias sandorf.

n’oublie pas ton petit Pointe Pescade qui n’oubliera jamais son gros Cap Matifou ! »

Tels furent les émouvants adieux de ces deux amis, lorsqu’ils durent se séparer l’un de l’autre. Vraiment, Cap Matifou avait le cœur oppressé dans son énorme poitrine, quand il se retrouva seul à bord de la Savarèna. Le jour même, par ordre du docteur, son compagnon s’était installé à Raguse, avec mission de ne point perdre de vue Pierre Bathory, de surveiller l’hôtel Toronthal et de se tenir au courant de tout.

Pendant ces longues heures que Pointe Pescade allait passer dans le quartier du Stradone, il aurait dû se rencontrer avec cette étrangère, qui avait été certainement chargée de la même mission que lui. Et, sans doute, cette rencontre se fût produite, si la Marocaine, après avoir lancé sa dépêche n’eût quitté Raguse pour se rendre en un lieu de rendez-vous, convenu d’avance, où Sarcany devait la rejoindre. Pointe Pescade ne fut donc point gêné dans ses opérations, et put remplir ce mandat de confiance avec son intelligence habituelle.

Certes, Pierre Bathory n’aurait jamais imaginé qu’il fût surveillé de si près, ni deviné qu’aux yeux de cette espionne se fussent substitués les yeux de Pointe Pescade. Après sa conversation avec le