Aller au contenu

Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 2.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

71
les bouches de cattaro.

que pas une ride ne troublait pendant cette belle soirée de juin.

Mais ce ne fut point à bord que le docteur alla prendre logement. Sans doute, pour les nécessités de ses projets ultérieurs, il ne voulait pas que l’on sût que ce rapide appareil de locomotion lui appartenait. Aussi débarqua-t-il à Cattaro même, avec l’intention de descendre dans l’un des hôtels de la ville, où Cap Matifou devait l’accompagner.

Quant au canot qui les avait amenés tous deux, il se perdit au milieu de l’obscurité, sur la droite du port, au fond d’une petite anse, où il devait rester invisible. Là, à Cattaro, le docteur allait être aussi inconnu que s’il eût été se réfugier dans le plus obscur coin du monde. C’est à peine si les Bocchais, les habitants de ce riche district de la Dalmatie, qui sont Slaves d’origine, devaient remarquer la présence d’un étranger parmi eux.

À la voir de la baie, on dirait que la ville de Cattaro est construite en creux dans l’épaisseur du mont Norri. Ses premières maisons bordent un quai, conquis sur la mer, sans doute, au fond de l’angle aigu du petit lac, dont la pointe s’enfonce dans le massif montagneux. C’est à la pointe de cet entonnoir, d’un aspect très riant, avec ses beaux arbres et ses arrière-plans de verdure, que les paquebots,