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Page:Verne - Onze jours de siège.djvu/46

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Tu es fou, ou ta montre ne va pas !

Roquefeuille

Ma montre ne va pas ? La montre de ma mère !

Robert

Au diable ! Voyons la langue !

Roquefeuille

Voyons la langue ! (À part.) Ouf ! et d’une ! (À Laurence.) Oh ! vous n’en êtes pas quitte, madame… il paraît que ce n’est pas fini.

Laurence

Comment ?

Maxime

Dans l’art de la divination, madame, la main n’est que la première page du livre…

Laurence

Quelle est la seconde ?

Maxime

C’est… ne riez pas d’avance… c’est la langue !

Roquefeuille, à Laurence.

Fermez la bouche !

Robert

Ah ! pour le coup, tu ne me persuaderas pas !

Maxime

Et pourquoi non ? La langue n’est-elle pas l’expression véritable de nos pensées ? Tous nos organes obéissent à notre volonté, la langue seule est indépendante, et, partant, ne saurait mentir, au physique, bien entendu ! On dit : une langue effilée, pour une personne fine et spirituelle ; une langue épaisse, pour un ignorant et un imbécile.

Roquefeuille

Et une langue bien pendue pour un bavard.

Maxime

Oui !

Roquefeuille

Oui !

Maxime

Et qu’y a-t-il d’étonnant à ce que des peuples observateurs aient fait de la langue le miroir de l’avenir ?

Robert

Je me rends ! je me rends ! Et, si Laurence veut bien se prêter…

Laurence

Comment, monsieur, vous voulez… que… (Riant.) Ah ! ce n’est pas sérieux ?

Roquefeuille

Fermez la bouche ! (Elle repince les lèvres.)

Robert

Je te demande pardon, rien n’est plus sérieux !

{{Personnage|Lauren