— Je voudrais vous demander quelque chose.
— Demande, mon cœur, demande.
— Vous ne me gronderez pas ?…
— Te gronder !…
— Tout le monde a eu une maman, n’est-ce pas ?…
— Oui, mon ange, tout le monde a eu une maman.
— Alors pourquoi que je ne connais pas la mienne ?…
— Pourquoi ?… Parce que… répondit miss Anna Waston, assez embarrassée, parce que… il y a des raisons… Mais… un jour… tu la verras… oui !… j’ai l’idée que tu la verras…
— Je vous ai entendu dire, pas vrai, que ce devait être une belle dame ?…
— Oui, certes !… une belle dame !
— Et pourquoi une belle dame ?…
— Parce que… ton air… ta figure !… Est-il drôle, cet amour, avec ses questions ! Puis… la situation… la situation dans la pièce exige que ce soit une belle dame… une grande dame… Tu ne peux pas comprendre…
— Non… je ne comprends pas ! répondit P’tit-Bonhomme d’un ton bien triste. Il me vient quelquefois la pensée que ma maman est morte…
— Morte ?… Oh non !… Ne pense pas à ces choses-là… Si elle était morte, il n’y aurait plus de pièce…
— Quelle pièce ?… »
Miss Anna Waston l’embrassa, ce qui était encore la meilleure manière de lui répondre.
« Mais si elle n’est pas morte, reprit P’tit-Bonhomme avec la logique ténacité de son âge, si c’est une belle dame, pourquoi qu’elle m’a abandonné ?…
— Elle y aura été forcée, mon babery !… oh ! bien malgré elle !… D’ailleurs, au dénouement…
— Madame Anna ?…
— Que veux-tu encore ?…