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Page:Verne - P’tit-bonhomme, Hetzel, 1906.djvu/99

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p’tit-bonhomme.

Cela l’émeut, le pauvre Sib, et bien qu’on lui ait recommandé de ne pas parler :

« Votre enfant… madame ? dit-il.

— Tais-toi ! » murmure tout bas miss Anna Waston.

Puis elle continue :

« Le ciel me l’avait pris pour me punir, et il me le ramène aujourd’hui… »

Et, entre ces phrases hachées par des sanglots, elle dévore Sib de baisers, elle l’inonde de larmes. Jamais, non jamais, P’tit-Bonhomme n’a été si caressé, si pressé sur un cœur palpitant ! Jamais il ne s’est senti si maternellement aimé !

La duchesse s’est levée comme si elle surprenait quelque bruit au dehors.

« Sib… s’écrie-t-elle, tu ne me quitteras plus !…

— Non, madame Anna !

— Mais tais-toi donc ! » répète-t-elle au risque d’être entendue de la salle.

La porte de la chaumière s’est ouverte brusquement. Deux hommes ont paru sur le seuil.

L’un est le mari, l’autre le magistrat qui l’accompagne pour l’enquête.

« Saisissez cet enfant… Il m’appartient !…

— Non ! ce n’est pas votre fils ! répond la duchesse, en entraînant Sib.

— Vous n’êtes pas mon papa !… » s’écrie P’tit-Bonhomme.

Les doigts de miss Anna Waston lui ont pressé si vivement le bras qu’il n’a pu retenir un cri. Après tout, ce cri est dans la situation, il ne la compromet pas. Maintenant, c’est une mère qui le tient contre elle… On ne le lui arrachera pas… La lionne défend son lionceau…

Et, de fait, le lionceau récalcitrant, qui prend la scène au sérieux, saura bien résister. Le duc est parvenu à s’emparer de lui… Il s’échappe, et courant vers la duchesse :