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s’étaient assises au pied d’un quartier de roche. Pas un arbre qui eût pu fournir un abri contre un soleil dévorant, pas un tapis de verdure pour s’étendre. Le sol pierreux, semé de blocs erratiques, impropre à toute végétation, était tapissé, par places, de ces mousses sauvages auxquelles l’humus n’est point nécessaire. On aurait dit, ainsi que le déclara M. Zermatt, un désert de l’Arabie Pétrée confinant au fertile district de la Terre-Promise.

Oui ! surprenant contraste avec cette région qui se développait entre le ruisseau des Chacals et le cap de l’Espoir-Trompé, cette campagne qui s’étendait au delà du défilé de Cluse, la vallée de Grünthal, les territoires limitrophes de la baie des Perles ! Et, il convient de le répéter après Mme Zermatt, quelle eût été la situation de la famille naufragée, si le bateau de cuves l’avait déposée sur la côte orientale de l’île ?…

Ainsi donc, depuis cette falaise jusqu’à la baie du Salut qui se dessinait à deux lieues dans l’ouest, le regard n’embrassait qu’une contrée désolée, sans verdure, sans arbres, sans un cours d’eau. Aucun quadrupède ne se montrait à sa surface. Il semblait qu’elle fût abandonnée même des oiseaux de terre et de mer.

« Voici l’excursion terminée, dit M. Zermatt, du moins dans cette partie de notre île…

– Assurément, répondit M. Wolston, et il me paraît inutile de braver cette chaleur tor-