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seconde patrie.

se perdre dans les profondeurs de la forêt, avec un bruit de tonnerre, que répercutèrent les nombreux échos de la montagne.

À cette altitude planaient encore quelques volatiles, uniques représentants de la vie animale de cette troisième zone, sur laquelle ils ne cherchaient pas à se reposer. Ce n’était point de ces oiseaux de petite taille, qui ne quittaient pas les massifs de la sapinière. Quelques couples de puissants volateurs à large envergure, battant l’air à lents coups d’aile, dépassaient parfois la cime du cône. Quelle tentation éprouva Jack de les tirer, et avec quelle joie il eût frappé d’une balle ces vautours de l’espèce « umbu » et ces gigantesques condors que la présence de l’homme surprenait au milieu de ces mornes solitudes.

Aussi plus d’une fois le jeune chasseur fit-il le mouvement d’épauler son fusil.

« À quoi bon ?… lui criait M. Wolston.

– Comment… à quoi bon ?… répondait Jack, mais à… »

Et, sans achever sa phrase, après avoir remis son arme en bandoulière, il s’élançait sur les roches.

Ainsi fut épargnée la vie d’un superbe aigle de Malabar. D’ailleurs, au lieu de l’abattre, mieux eût valu s’en emparer. Il aurait pu remplacer le fidèle compagnon de Fritz, qui avait succombé dans le combat avec le tigre lors du voyage à la découverte de la Roche-Fumante.