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seconde patrie.

À mesure que le talus montait vers la crête supérieure, il se faisait de plus en plus roide, – un véritable pain de sucre. M. Wolston se demandait même s’il y aurait place pour trois personnes sur sa pointe. Il fallait maintenant s’entr’aider les uns les autres, ou plutôt l’un l’autre. Jack commençait par attirer Ernest, qui attirait ensuite M. Wolston. En vain avaient-ils cherché à contourner la base du cône. C’était par le côté nord, en somme, que l’ascension présentait les moindres difficultés.

Enfin, vers deux heures de l’après-midi, une voix vibrante se fit entendre, – la voix de Jack, – la première sans doute qui eût jamais résonné à cette cime :

« Une île… c’est bien une île ! »

Un dernier effort de M. Wolston et d’Ernest les éleva jusqu’à Jack. Là, sur un étroit espace de deux toises carrées, harassés, époumonés, presque incapables de parler, ils s’étendirent pour reprendre haleine.

Que la Nouvelle-Suisse fût une île, la question était résolue depuis l’arrivée de la Licorne. Mais si la mer l’entourait de toutes parts, c’était à des distances inégales de la montagne. Très développée vers le sud, plus restreinte vers l’est et l’ouest, réduite à une simple bordure bleuâtre vers le nord, elle resplendissait sous les rayons du soleil, qui se trouvait à quelques degrés au-dessous de son point de culmination.