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seconde patrie.

mit un baiser sur sa petite tête bleuâtre, et, après avoir détaché le billet fixé à sa patte, elle l’embrassa une seconde fois. L’oiseau fut alors relâché et rentra dans sa logette, où l’attendait une poignée de graines.

Annah lut le billet d’Ernest à haute voix. Les quelques lignes qu’il contenait devaient rassurer sur le compte des absents et annonçaient la réussite de leur excursion. Chacun y trouvait quelque chose d’affectueux pour soi, et, on le sait, Annah en avait sa bonne part.

Avec l’heureuse pensée que le retour s’effectuerait en quarante-huit heures, M. et Mme  Zermatt, Mme  Wolston et sa fille se retirèrent dans leurs chambres. On avait reçu le message, les nouvelles étaient excellentes, on remercia Dieu, et chacun dormit d’un tranquille sommeil jusqu’au lever du soleil.

Cette journée-là fut employée à des travaux de ménage. Il va de soi que, grâce à l’arrivée du pigeon, M. Zermatt avait renoncé à son projet de se rendre sur les hauteurs du défilé de Cluse. En admettant qu’une forte lunette eût permis d’apercevoir le pavillon qui flottait à la pointe du pic, cela n’eût rien appris de nouveau. Il n’y avait pas à douter que M. Wolston, Ernest et Jack ne fussent déjà en route pour Felsenheim.

Le jour suivant, il y eut, d’ailleurs, grosse besogne qui n’aurait pu être remise. Une bande de saumons vint s’engager dans l’embouchure