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seconde patrie.

de l’océan Pacifique ?… Il y avait lieu de le croire, il y avait lieu de le craindre.

Il parut inutile de pousser l’excursion jusqu’au morne qui limitait la crique. Aussi tous se préparaient-ils à redescendre au mouillage, lorsque James, étendant la main vers la plage, s’écria:

« Qu’est-ce que je vois là-bas… sur le sable ?… Regardez… ces points mouvants… On dirait des rats… »

De fait, à cette distance, il semblait qu’une bande de rongeurs fût en marche vers la mer.

« Des rats ?… répondit François. Mais le rat est un gibier, quand il appartient au genre ondatras… Te rappelles-tu, Fritz, ceux que nous avons tués par centaines pendant notre expédition à la recherche du boa ?…

– Parfaitement, François, répondit Fritz, et je me rappelle aussi que nous fûmes très peu régalés de cette chair qui sent trop le marécage.

– Bon ! déclara le bosseman, convenablement préparées, ça se mange, ces bêtes-là… Au surplus, il n’y a pas à discuter… Ces points noirs ne sont pas des rats.

– Et vous croyez, Block ?… demanda Fritz.

– Que ce sont des tortues…

– Puissiez-vous ne pas vous tromper ! »

Le bosseman ne faisait point erreur et l’on pouvait s’en fier à ses bons yeux. C’était effectivement une troupe de tortues qui rampaient sur le sable de la plage.