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seconde patrie.


– Dans tous les cas, Block, répliqua Harry Gould, n’en parle à personne…

– Soyez tranquille, mon capitaine, et si je vous l’ai dit, c’est que l’on peut tout vous dire…

– Et on le doit, Block. »

Le bosseman, dès lors, eut donc à s’occuper plus particulièrement de la pêche, car la mer ne refuserait jamais ce que la terre allait bientôt refuser. Il est vrai, à se nourrir exclusivement de poissons, de mollusques, de crustacés, la santé générale finirait par en souffrir… Et si des maladies se déclaraient, ne serait-ce pas le comble de tant de misères ?…

La dernière semaine de décembre était arrivée. Temps toujours beau, sauf quelques orages qui n’eurent point la violence du premier. La chaleur, parfois excessive, aurait été difficile à supporter, si la falaise n’eût projeté sa grande ombre sur la grève, l’abritant du soleil, qui traçait sa courbe diurne au-dessus de l’horizon du nord.

À cette époque, nombre d’oiseaux fréquentaient ces parages, et ce n’étaient pas seulement les goélands, les macreuses, les mouettes, les frégates, hôtes habituels des grèves. De temps à autre, passèrent des bandes de grues et de hérons. Cela rappelait à Fritz ses heureuses chasses sur le lac des Cygnes et aux abords des métairies de la Terre-Promise. À la cime du morne parurent également des cormorans, semblables à celui de Jenny, actuellement l’hôte de la basse-cour de Felsenheim, et des albatros,