Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

178
seconde patrie.


Le vent venait de le déployer, et c’était bien le pavillon de la Grande-Bretagne.

Et alors, tous de s’élancer de roches en roches ! Cent cinquante pieds les séparaient encore de la pointe, mais ils ne sentaient plus la fatigue, ils ne cherchaient même pas à reprendre haleine, ils montaient sans s’arrêter, entraînés par une force surhumaine…

Enfin, avant trois heures, le capitaine Gould et ses compagnons étaient réunis à la pointe du cône…

Quel désappointement ils éprouvèrent, lorsque leurs regards se portèrent dans la direction du nord !

Une épaisse brume s’étendait à perte de vue. Impossible de reconnaître si le plateau se terminait de ce côté par une falaise verticale comme à la baie des Tortues, ou s’il se prolongeait au delà. On n’apercevait rien à travers ce brouillard opaque. Au-dessus de la zone des vapeurs, le ciel s’éclairait encore des rayons du soleil qui déclinait vers l’ouest.

Eh bien, on ne quitterait pas cette place, fallût-il y rester jusqu’au lendemain, on y camperait, on attendrait que la brise eût chassé ce brouillard !… Non ! personne ne reviendrait en arrière, sans avoir observé l’îlot dans sa partie septentrionale !…

Le pavillon britannique n’était-il pas là, qui flottait au souffle de la brise ?… Ne disait-il pas que cette terre avait rang dans la nomenclature