Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

179
seconde patrie.

géographique, qu’elle devait maintenant figurer en latitude et en longitude sur les cartes anglaises ?…

Et ces coups de canon entendus la veille, qui sait s’ils ne provenaient pas de navires qui saluaient ce pavillon au passage ! Qui sait s’il n’existait pas un port de relâche sur cette portion du littoral, si quelques bâtiments n’y étaient pas au mouillage !…

Enfin, même en cas que cette terre ne fût qu’un îlot, y aurait-il lieu de s’étonner que la Grande-Bretagne en eût pris possession, puisque son gisement le plaçait sur les limites de l’océan Indien et de l’océan Pacifique ?… Et même, si c’était une terre, pourquoi n’appartiendrait-elle pas au continent australien dans cette partie peu connue qui se rattachait au domaine britannique ?…

Toutes ces hypothèses se présentaient à l’esprit, on les exposait, on les discutait, et avec quelle impatience chacun attendait le moment où la vérité se ferait jour !

À cet instant, un cri d’oiseau retentit, suivi d’un rapide battement d’ailes.

C’était l’albatros de Jenny, qui venait de s’envoler et filait au-dessus des brumes en se dirigeant vers le nord.

Où allait-il ainsi cet oiseau ?… Était-ce vers quelque rivage éloigné ?…

Son départ produisit un sentiment de tristesse et même d’angoisse…