Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

180
seconde patrie.


Il semblait que ce fût comme un abandon…

Cependant l’heure s’avançait, et les souffles intermittents de la brise ne parvenaient pas à dissiper ce brouillard dont les grosses volutes roulaient au pied du cône. La nuit arriverait-elle avant que l’horizon du nord se fût révélé aux regards ?…

Non, tout espoir n’était pas perdu. Comme les vapeurs commençaient à s’abaisser, Fritz put constater que le cône dominait, non point une falaise, mais de longues pentes qui, probablement, se développaient jusqu’au niveau de la mer…

Puis le vent prit de la force, les plis du pavillon se raidirent et au ras des brumes chacun put observer le talus sur une centaine de pieds.

Ce n’était plus un amoncellement de roches, c’était un revers de montagnes, où réapparaissait une végétation que les yeux n’avaient pas aperçue depuis de longs mois…

Aussi, avec quelle avidité tous regardaient ces larges pans de verdure, ces arbustes, des aloès, des lentisques, des myrtes, qui poussaient ça et là ! Assurément, on n’attendrait pas que le brouillard se fût tout à fait dissipé, et il fallait avoir atteint la base de cette montagne avant que la nuit ne l’eût enveloppée d’ombres !…

Mais voici qu’à huit ou neuf cents pieds au-dessous, entre les déchirures des vapeurs, émergèrent les hautes frondaisons d’une forêt