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seconde patrie.

gigantesque manglier dont les basses branches supportaient la demeure aérienne. Une demi-heure suffirait à traverser ce bois dans sa longueur.

Très probablement, ni M. et Mme Zermatt, ni Ernest et Jack, ni M. Wolston, ni sa femme, ni sa fille ne devaient être à Falkenhorst. Il semblait impossible que leur présence ne fût pas signalée déjà. Turc, Falb, Braun n’auraient-ils pas senti leurs jeunes maîtres ?… N’eussent-ils pas annoncé par de joyeux aboiements le retour des absents ?…

Un profond silence régnait sous ces grands arbres, – un silence qui ne laissait pas de causer une vague inquiétude. Lorsque Fritz regardait Jenny, il lisait dans ses yeux un sentiment d’anxiété que rien ne justifiait cependant. François, en proie à une certaine nervosité, allait en avant, revenait sur ses pas. Cette sorte de malaise moral était ressentie de chacun. Dans dix minutes, on serait à Falkenhorst… Dix minutes ?… N’était-ce pas comme si on y était arrivé ?…

« Bien sûr, déclara le bosseman, qui voulut réagir contre ce trouble des esprits, bien sûr, nous serons obligés de redescendre par votre belle allée jusqu’à Felsenheim !… Un retard d’une heure, voilà tout… Et qu’est-ce-là, après une si longue absence ?… »

On pressa le pas. Quelques instants plus tard, apparurent la