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seconde patrie.


On le sait, la métairie de Falkenhorst comprenait deux habitations, l’une disposée entre les branches du manglier, l’autre entre les racines qui s’arc-boutaient à sa base. Au-dessus de celle-ci, construite en cannes de bambous qui soutenaient la toiture en mousse goudronnée, régnait une terrasse avec garde-fou. Cette terrasse recouvrait plusieurs chambres séparées par des cloisons fixées aux racines, et assez vastes pour que les deux familles pussent s’y loger ensemble.

Cette première habitation était aussi silencieuse que les annexes de la cour.

« Entrons ! » dit Fritz d’une voie altérée.

Tous le suivirent, et un cri leur échappa, – car ils n’auraient pu prononcer une parole…

Le mobilier était bouleversé, les chaises et les tables renversées, les coffres ouverts, la literie gisant sur le plancher, les ustensiles jetés dans les coins. On eût dit que les chambres avaient été livrées au pillage et pour le plaisir de piller. Des réserves de vivres, tenues ordinairement au complet à Falkenhorst, il ne restait rien. Dans le fenil, plus de foin ; dans le cellier, vides les barils de vin, de bière et de liqueurs. Pas une arme, si ce n’est un pistolet chargé que le bosseman ramassa et mit à sa ceinture. D’ordinaire, pourtant, carabines et fusils étaient toujours laissés à Falkenhorst pendant la saison des chasses.