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seconde patrie.


Fritz, François, Jenny, tous demeuraient atterrés devant ce désastre si inattendu… En était-il donc de même à Felsenheim, à Waldegg, à Zuckertop, à Prospect-Hill ?… Des diverses métairies, celle de l’ermitage d’Eberfurt avait-elle été seule épargnée par les pillards, et ces pillards, quels étaient-ils ?…

« Mes amis, dit le capitaine Gould, un malheur est arrivé… mais peut-être n’est-il pas aussi grand que vous semblez le craindre… »

Personne ne répondit, et qu’auraient pu répondre Fritz, François, Jenny, le cœur brisé ? Après avoir mis le pied sur la Terre-Promise, la joie dans l’âme, que trouvaient-ils à Falkenhorst ?… La ruine et l’abandon !

Que s’était-il donc passé ?… La Nouvelle-Suisse avait-elle été envahie par une bande de ces pirates si nombreux à cette époque dans l’océan Indien, où les îles Andaman et Nicobar leur offraient un refuge assuré ?… Les familles avaient-elles pu quitter à temps Felsenheim, se retirer en quelque autre partie du district ou même s’enfuir de l’île ?… Étaient-elles tombées entre les mains de ces pirates… ou n’avaient-elles pas succombé en essayant de se défendre ?…

Enfin, dernière question, cet événement remontait-il à quelques mois, à quelques semaines, à quelques jours, et eût-il été possible de le prévenir, si la Licorne fût arrivée dans les délais convenus sur ces parages?…

Jenny s’efforçait de retenir ses larmes, tan-