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seconde patrie.

coururent l’îlot du Requin. Sur presque tous les côtés, il était aisément abordable par les grèves qui s’étendaient entre les pointes du littoral. La partie la mieux défendue était celle que dominait le monticule de la batterie, élevé à l’extrémité sud-ouest, en regard de la baie du Salut. Au pied s’entassaient d’énormes blocs, sur lesquels il eût été très difficile de débarquer. Partout ailleurs, il est vrai, des embarcations légères, des pirogues, trouveraient assez d’eau pour accoster. Il y avait donc obligation de tenir en surveillance les approches de l’îlot.

En le visitant, Fritz et François purent constater le bon état des plantations. Les mangliers, les cocotiers, les pins, étaient en plein rapport. Une herbe épaisse tapissait les pâtures où le troupeau d’antilopes se livrait à ses cabriolants ébats. De nombreux oiseaux, voletant d’un arbre à un autre, emplissaient l’air de mille cris. Un ciel magnifique versait sa lumière et sa chaleur sur la mer environnante. Combien eût paru délicieuse la fraîcheur des ombrages de Falkenhorst et de Felsenheim !

Quelques jours après que les familles s’étaient réfugiées sur l’îlot, un oiseau y avait reçu le meilleur accueil. C’était l’albatros de la Roche-Fumante, celui que Jenny avait retrouvé à la baie des Tortues, et qui, du haut du pic Jean-Zermatt, s’était envolé vers la Terre-Promise. À son arrivée, le bout de ficelle qui entourait encore une de ses pattes avait attiré l’attention